Aujourd’hui, 8 mai 2014, je marche sur la tête, tour à tour, dépité, en colère, amusé…
A aller 3 fois par semaine chez le kiné depuis 1 an, je me suis lié d’amitié avec un monsieur, d’un certain âge, pour ne pas dire un âge certain. Situation étrange que de le considérer comme un grand-papa de coeur, alors qu’il a en fait presque l’âge de mes propres parents. Ceci va s’en dire, qu’on ne voit pas vieillir nos parents! 😀
Bref: ce monsieur, que je vais l’appeler Bourdelle (^^) m’a laissé un petit mot à ma dernière séance:
Mr Bourdelle est chargé de souvenirs en tout genre, et notamment de tous ses combats; au delà de son combat pour garder son autonomie, il défend le souvenir des anciens combattants, en étant le porte drapeau. Qu’il pleuve qu’il vente, à chaque commémoration, cet ancien combattant amoindri par les années et la maladie porte fièrement son drapeau en souvenirs pour ses camarades et pour que l’on n’oublie pas, juste vêtu de sa chemise et de ses décorations. Il lui est arrivé de défaillir de froid, de se retrouver à terre suite à un malaise. Mais jamais il a cessé de jouer son rôle de porte drapeau. Régulièrement, il évoque des combats; parfois ils m’offrent des décorations que je garde consciencieusement.
Hier, ce n’était donc pas une décoration, ni des macarons comme il aime aussi à offrir, mais cette invitation griffonnée! C’est le kiné qu’il me l’a remise. Je n’ai pas pu dire à M Bourdellle que je ne pourrais pas être là.
Parce que ce matin, je n’avais pas le choix, j’étais solidaire, ou pas! Mon employeur a fixé à aujourd’hui la journée de solidarité. C’est quoi cette journée de solidarité? Le texte dit:
« La journée de solidarité consiste, pour les salariés, en une journée de travail supplémentaire, en principe non rémunérée. Pour les employeurs, elle se traduit par une contribution nouvelle mise à leur charge (la « contribution solidarité autonomie »), le tout étant destiné à financer des actions en faveur de l’autonomie des personnes âgées ou handicapées. »
Oui, mais moi, je suis solidaire d’un homme qui a combattu, qui combat aujourd’hui pour garder son autonomie, et qui comptait sur mon soutien et ma présence aujourd’hui auprès de lui. Alors? Bah je n’ai pas le choix, je dois aller travailler.
A 7h45, je vais pour partir, et je reçois un sms de mes parents « ça te dit un petit café sur le port qu’on profite de ce jour férié pour se voir un peu? »; réponse « désolée, mais je suis solidaire malgré moi des ainés , et dois aller travailler! ». Nièk.
A 8h j’arrive au boulot; Dans le même temps, une autre voiture se gare, sur la place handi; dedans, un couple de personnes âgées; le magasin ouvre à 8h30! Oo
Je vois bien qu’ils me regardent rentrer par la porte réservée aux employés, envieux!!! Je suis zeeeeeeeeeeeeeeeeen!
A 8h30, le magasin ouvre ses portes, pour permettre à tous ces retraités fatigués par toutes ces années de durs labeurs, ou de leurs réveils prématurés, va savoir, de claudiquer vers les rayons… Parce que oui, ce n’est pas une légende: ce sont eux qui arrivent en premiers, et partent en derniers; et ils constituent une grande partie de notre clientèle de ces jours fériés.
Il m’arrive régulièrement de me demander combien de morts de faim devait on déplorer à chaque jour férié quand on n’ouvrait pas les magasins??? Aucun??? Vraiment? Quelle surprise: alors avant, on arrivait à se débrouiller et à s’organiser pour faire les courses en dehors des jours fériés? Waouuuuuuuh, finalement, on était fortiche avant.
Bon, revenons à nous moutons: quelques uns tentent d’entamer un dialogue pour se déculpabiliser d’être là un jour férié: « bêêêêê, bêeêêê… Mais j’aime autant vous dire, que ces jours là, mes formules de politesses se résument à « bonjour, merci au revoir »!
Pourtant une dame a réussi cet exploit d’engager une pseudo conversation avec Momi:
- « Vous n’êtes tout de même pas ouvert toute la journée? »
- « Bah si, malheureusement »
- « Oh mes pauvres, c’est sûr que vous seriez mieux à la maison. Moi j’ai mes petits enfants qui viennent ce midi. »
- « Bé moi, mon fils aura fini de mangé quand je rentrerai à la maison, et je mangerai seule. »
- « Mais pourquoi vous êtes ouverts toute la journée? »
- « Tout simplement, que tant qu’il y aura des clients qui viendront faire leur courses, et qu’il y aura du chiffre d’affaires ces jours là, les patrons auront raison d’ouvrir les magasins! »
- « Ah c’est nous les pauvres cons alors? »
- « Loin de moi cette idée madame, je n’ai jamais dit ça. »
- « Non, mais vous avez raison, c’est vrai. Bon, je vais me dépêcher de finir mes courses alors, et je vais repartir. Ne vous inquiétez pas, je vais faire vite. Bonne journée! »
Raaaaaaaaaah!!! Comment vous dire??? Non, rien en fait, pfffffff! Nan, mais sérieux: elle croit qu’en faisant plus vite, elle fera moins de chiffre d’affaire, ou est ce juste une façon de disparaitre pour nous faire croire qu’on a moins de clients? Bonne journée de mon … biiiiiiiiiiiiiiip!
De retour à la maison, je pense toujours à M Bourdelle qui doit être transis de froid, d’avoir fait son job, sous la pluie et le vent. Je pense à cet homme courageux que j’aurais été heureuse de soutenir ce matin, au lieu d’être au travail, contrainte et forcée par la solidarité.
Heureusement ce soir, je sors, et je vais voir Bob et Flanaghan ( https://www.facebook.com/bobetflanaghan?fref=ts ) au Vieux Safran à Vannes, à 21h 😉 Et ça, je suis carrément solidaire!!!
bravo pour votre blog, très intéressant !
merci bien 😉