La soirée du Marin de l’année 2023

Prendre une journée de congé pour partir à 6h28 de la gare direction la capitale ! Mais quel bonheur… 😀

Allez, ce qui est cool, c’est que je suis en ouacances, tout comme Momiflette. Elle part avec un seul sac et beaucoup de doutes sur le bon choix de matos : un seul boitier, deux objos, une batterie, 1 carte. En fait, on a l’impression de partir en bateau. Le minimum, l’efficacité, et l’étanchéité. Oui, j’ai regardé la météo de demain, c’est chaud, enfin, humide, pire que dans ma bretagnerie. Ça va mouiller. Il faut donc que tout tienne dans un sac qui sache combattre la tentative d’intrusion des particules aqueuses à venir. Bon, ok, pour le matos photo, mais surtout, pour la lingerie de la princesse… à moins que ce ne soit le contraire.

Breeeeeeeef, c’est parti, mon Kiki. A peine monté dans le train, le hasard fait que nous apprenons que notre voisin est à la fédé, mais ne viendra pas à la soirée pour des raisons personnelles. C’est pour autant une bonne occasion de tailler la bavette pour causer rafiots, régates, golfe du Morbihan, et se rendre compte que le grand Tom et ce voisin ont leur licence dans le même club et que l’on fréquente les mêmes copains. Ça c’est fait !

Arrivé à Montparnasse, je file pour me retrouver sur le parvis, pour prendre une bouffée … de crachin pollué, de ciel gris, de vent froid. Gast, quite à avoir froid, autant pouvoir voir la mer. Je rebrousse chemin, et retrouve Momi qui s’est calée à bosser sur la prochaine mise à jour. Oui, les vacances, c’est une notion toute relative à la maison. J’essaye de tenir compagnie à la donzelle, mais ne résiste pas aux comportements très étranges de la faune environnante. J’envoie des messages d’appel à l’aide au grand Tom en chemin depuis l’Espagne pour nous rejoindre. En début d’après-midi, c’est la délivrance, il finit son périple sur le quai 5. Ouf, on n’est plus seuls au milieu des Z’autres.

C’est à ripatons, qu’on va prendre notre chambre d’hôtel, tranquilou, en prenant le temps de se promener, et accessoirement de se sustenter. A l’hôtel, l’envie nous prend en tant que fin connaisseur des bienfaits de la sieste devant l’éternel (bon, OK, quand on a le temps dans nos journées de 72 heures… ), de nous admirer l’intérieur des paupières quelques instants. Bien nous en fait, c’est en forme olympique, que l’on quitte les les lieux, pour rejoindre toujours pedibus cum jambis, la légendaire salle de l’Olympia. Un chouia en avance, c’est autour d’une petite bière qu’on refait le monde… un peu trop urbain à notre goût à ce moment précis. Un coup de bigo plus tard, on se retrouve à échanger des bisous sous les l’enseigne mythique de cette salle. On ne tarde pas à rentrer pour ne pas se retrouver au milieu de la foule, préférant de loin trouver un trou de souris.

Et la soiré débute, inspiration / expiration, j’écoute, je regarde, je profite.

Tout commence par la remise des trophés des champions. Et quels champions, avec des parcours incroyables, une ténacité, une volonté, et un bonheur partagé de pratiquer leur discipline. Bravo et merci à tous.


La scène explose et se fait recouvrir de confettis à l’annonce du verdict : le marin de l’année est Lauriane Nolot, incroyable championne du monde en Kitefoil. Son bonheur est contagieux, elle est radieuse. Un énorme BRAVO, même si les autres ne déméritent évidemment pas. Be happy.

Dans le hall à côté se prépare le cocktail de fin. On serre quelques paluches, on finit par mettre des visages sur des mails, on échange quelques bisous, on trinque à tous ses talents, et on se cale dans un coin discret pour pouvoir disparaitre impunément, et retrouver un niveau sonore où l’on peut se parler sans devoir lire la réponse de l’autre sur les lèvres.

Allez, dodo time. plus qu’une journée dans la grande ville avant de retrouver le bord de mer.

Le réveil de samedi se fait en demie teinte, autrement dit, du noir et du blanc… moit’ moit’, on a du gris, et surtout une pluie drue. Les prév’ étaient bonnes. Encapuchonné, le sac bâché, on passe une journée à viser entre les gouttes, à bisouter les copains parisiens, à profiter de la capitale pour trouver le cadeau de Noël du petit Tom, à bien manger, à boire des coups…

C’est sans regret, et avec plein de bons souvenirs d’une soirée vraiment sympa, qu’on monte cette fois ensemble dans le TGV pour retrouver nos pénates.

On se pose, on soufle, tout est allé si vite. Je parle avec le grand Tom. Il semble à la fois heureux et contrarié de ne pas avoir réussi à dire tout ce qu’il voulait sur la scène. Je lui propose donc même si ça ne vaut pas le micro de l’Olympia, une petite entrevue entre nous, pour boucler la boucle.

_Patrice Montero, champion du Monde 2023 en Voile Radio Commandée classe M, licencié à la SRVannes, dis moi tout cette fois…

_Tout.

_Oulà, y a du niveau, pour le coup, là, on n’a pas gagné ! Alors je vais mieux formuler, mea culpa. Parle moi de ton championnat du monde. Y es-tu allé pour gagner ?

_Alors, non, clairement pas. Avant tout, je régate pour le plaisir de retrouver les copains, de jouer et accessoirement découvrir et profiter de lieux souvent incroyables. Je savais que pour ce championnat en Italie sur le lac de Trasimene, on devrait composer avec le vent et les calmes.

Malheureusement, le vent n’était pas bien orienté, et a mis à mal nos nerfs. Premier dès le premier jour, on a passé de longues heures d’attente, deux jours et demi exactement, après une première série de 6 courses.

Je suis très content d’avoir réussi à gérer cette tension, autant dans l’attente que pendant les courses, où les joutes, notamment avec les anglais, sont restées propres. Je suis aussi très content d’avoir montré que l’on peut être à ce niveau sans agressivité en naviguant propre.

_Un secret pour garder ce calme?

_Un secret qui ne l’est plu. Commencer le matin en cuisine, où on se relayait
avec Rémi Bres, avec une bonne odeur d’huile d’olive pour faire revenir oignons et ail et partager un bon petit dèj avec les potes, évidemment les français, mais aussi les italiens, suisses, anglais et allemands. A partir de là, tout va bien. Et on est toujours mieux là qu’au bureau !

_Et qu’est ce qui fait la différence à l’arrivée?

_Je ne sais pas trop, un ensemble de chose. Être bien avec son bateau, l’écouter, et surtout ne rien lâcher. Le plus gros défi, c’est me battre contre moi même. Puis les vrais pôtes.

_Quel a été le moment le plus fort de ces championnats du monde?

_L’annonce de la fin, et réaliser que là, tu es champion du Monde. Je suis resté muet un moment, le temps de d’intégrer l’information. Après, j’ai juste profité avec les copains.

_33 ans depuis le dernier titre mondial français en classe M…

_Ben oui. C’est bien la preuve qu’il faut toujours y croire. Du haut de mes 62 ans, je suis le plus vieux champion du Monde de la classe. C’est une pratique où l’on peut jouer longtemps, du moment que l’on garde une bonne vue, et des réflexes. On est quasi tous issus de la voile grandeur : les sensations sont essentielles pour une bonne nav’ et la concentration est primordiale. On finit les courses en sueur.

Ca faisait 3 semaines que j’avais mon nouveau bateau et donc sa première compétition. Dès sa mise à l’eau, on s’est parlé. Tous les voyants étaient au vert. Quand on ne se bat pas avec les règlages, tout est permis pour une vraie partie d’échec sur l’eau. Ce bateau est incroyable. J’ai utilisé et gagné avec 3 jeux de voile différents, ce qui montre une vraie polyvalence du Grunge.

_ Les excellents résultats des français sur les différents supports en international se multiplient. Le niveau général monte. Une raison à celà?

_On régate de plus en plus calmement, proprement entre nous. Chaque régate est un entrainement. Il y a une vraie émulation entre nous et on se fait plaisir.

_Du coup, champion du Monde, c’est un avantage, un inconvénient?

_Un peu des deux. J’ai encore à travailler sur moi même. On est attendu au tournant. Prouver que ce n’est pas le hasard. Mais en même temps c’est une grande chance de pouvoir faire la promotion de la VRC.

_La VRC te tient à coeur?

_Mais bien sûr ! J’ai commencé la régate en voile grandeur en 1973 à 12 ans à Denia (Espagne). Quand je suis revenu en France, j’ai dû arrêter la compétition. J’ai repris en 2004 avec la VRC. C’est une école de dingue pour les règles. On a quelques demies secondes pour réagir, ne pas aller à la faute. Quand tu as acquis tout ça, tu peux profiter de bons nombres de supports. C’est un excellent support d’apprentissage des réglages au millimètre et des règles.

_Et parlons maintenant de la soirée du Marin de l’année où tu as reçu un trophé des champions. Comment t’es tu senti?

_J’avoue que je me suis trouvé petit au milieu des grands, mais aussi fier de partager la scène de l’Olympia avec tous ces grands champions. Je suis vraiment admiratif de la nouvelle génération qui a une bien belle mentalité, et un vrai plaisir à naviguer. Pour autant Olivier Ducruix et Ange Margaron forcent le respect.

_Un mot pour la fin?

_Je tiens à remercier mon ancien club de Bandol qui m’a supporté avant que je ne parte vers de nouveaux horizons. Merci donc à mon nouveau club, la SRVannes et son chaleureux président Luc Houdet.
Et surtout je remercie tous les régatiers VRC du dernier au premier, ils sont tous indispensables et permettent d’apprendre tous les jours et donc de s’améliorer, sans eux rien n’existe. Je peux juste donner un conseil, ne restez pas enfermés dans un coin, l’échange et la difficulté sont primordiaux.

Et si tu ne sais pas ce que c’est la VRC, je te laisse quelques images…

Allez, un grand merci à tous pour ce chouette WE. 😉


Un commentaire :

  1. Bravo à tous les deux ! L’un pour ce magnifique titre et l’une pour ce beau reportage.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *