Un dimanche du mois d’aout, je me promène autour d’un étang, après avoir pique-niqué tranquillement… En bref, repu et désaltéré, je me retrouve à scruter les juvéniles grèbes quémander à manger à leurs parents dévoués. Je suis admiratif de ce tableau idyllique ou papa et maman aile dans aile, ne font qu’un pour assurer le bien être de leur progéniture bien exigeante.
Je vois au bout de l’étang des voiles s’agiter. Ce sont des maquettes radio-guidées que l’on entrevoit de temps à autre, sans doute un club. Ma curiosité est piquée. Comment ça c’est un vilain défaut? Je te demande toi, si la gourmandise en est un? Erf, ok, je suis aussi gourmand. Décidément, je suis parfaitement imparfait.
Le petit Tom arrive en s’agitant et lançant en pas plus de 5 mots: « bateaux, cool, on y va! ». Oui le petit padawan toujours s’exprimer ainsi, quand content il est.
Allez, on se détend: « Pars devant, moi je finis d’observer les oiseaux au calme avant d’avant d’affronter des têtes inconnues ». C’est incroyable comment l’étang semble s’être agrandi et le chemin allongé pour arriver sur la berge peuplée de garçons de tous âges aux allures de grands enfants. Serait-ce peut être parce que l’on avance moins vite lorsque l’on fait deux pas en avant et presque 3 en arrière? Va savoir! Mathématiquement, ça se défend.
Je finis par arriver à bon port. J’essaye de me faire discret, mais Momi avec son matériel un chouia trop encombrant fait un peu tout foirer. On se dit bonjour furtivement pour ne pas déranger. Ils sont nombreux et parlent fort. Mais à bien y regarder, ils n’ont pas l’air méchant.
Je m’installe et me mets en mode observation. Momi se cache derrière son boitier, courageuse mais pas téméraire. Elle peut me chiner, mais c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité. Un des gars tente de communiquer avec moi pour savoir si elle pourrait éventuellement faire des photos pour eux. Courage, fuyons, je me planque dans la poche de Momiflette. Bien entendu, elle va le faire: partager, c’est le but de la photo. Le premier contact est établi. Inspiration, expiration, il s’agit maintenant de comprendre les tenants et aboutissants de la discipline, voire de la récréation, vues les mines réjouies des participants. On pourrait croire à une place de jeu pour enfants, si l’on omet les noms d’oiseaux qui fusent sur des actions tendues. Là on dirait juste Momi au bout de 3 jours de confinement… mais chut, ça c’est secret. Pour de vrai, je me demande parfois si elle n’a pas bouffé son jumeau garçon dans le ventre de sa mère.
Revenons à nos bateaux. Il s’agit en fait de l’AVRV, l’amicale voile radiocommandée de Vannes. Très vite, je m’aperçois que tous les bateaux n’ont pas la même taille mais pour autant matchent ensemble, dans une ambiance conviviale.
A la fin de l’entrainement, ces joyeux gaillards prennent gentiment le temps de nous expliquer deux trois rudiments, sur les gréements, et les commandes. En fait la radio n’a que deux canaux de commande: un qui gère les voiles ( pour choquer/border), et l’autre le safran (pour abattre/lofer). C’est simple sur le papier donc. Sauf que le papier dans l’eau ça fait de la bouillie, comme dans mon cerveau, quand à chaque changement de bord, je ne retrouve plus babord et tribord, surtout sans sentir le vent quand on n’est pas dans le sens du bateau… Erf, respect, moi, je ne me projette pas.
Après des sympatoches au revoir, chacun rentre sagement, ou pas, dans sa demeure.
Je ne résiste pas à repasser très rapidement seul avec le petit Tom désormais très demandeur de faire naviguer son bateau…
Les jours et semaines suivantes, je les recroise au petit bonheur la chance… Et j’apprends quelques petites subtilités pendant que Momi se lance des défis, tantôt avec la lumière, tantôt avec les cadrages pas évidents. Nan mais c’est vrai quoi, on n’a pas idée d’avoir des mats aussi hauts! Et on en parle de la gite ou bien? Les bateaux ont hyper réactifs, et font des aulofées incroyables. Nan, mais pour de vrai les gars, ce serait plus facile de shooter des vedettes à moteur quoi… Bon ok, moins intéressant aussi, autant photographier des boites de conserve, j’avoue.
Je découvre une vraie solidarité entre eux: pour autant l’arbitrage reste toujours hauts en couleurs, hein. Faudrait voir à pas déconner, les potes oui, mais gagner c’est important aussi. La compétition fait partie intégrante de la discipline sous la houlette de la FFV. 😀
On apprend aussi à se connaitre. L’ambiance est vraiment sympa. Je vais te dire un secret dans le creux de l’oreille avec une distanciation physique de 1 mètre (c’est te dire que j’ai une grande gueule ou toi, des grandes oreilles!): une fois, l’un d’entre eux a essayé de discréditer un pote en insinuant qu’il allait devoir faire tomber le pantalon pour aller chercher son bateau si il tombe en panne comme il en a soit disant l’habitude, puisqu’ils n’ont pas pris l’annexe… mais joie et bonheur, l’arroseur arrosé, voire c’est celui qui dit qu’il y est… je me retourne et croise l’orateur en courte tenue, alors réflexe, je hurle « tous à poil »! Là, Momi s’exécute, et aussitôt se ravise en souvenant qu’elle n’a pas mis de soutif, et pire encore, qu’elle a un trou à une chaussette! Ouf, on échappe à l’incident diplomatique de peu. Comment ça, je mens? Bon, disons, je me suis laissé un peu emporter, mais à bien gratter, tout n’est pas faux, et je conclus sur un « tel est pris qui croyait prendre »! 😀
Allez, je vais te poser en vrac les différentes rencontres parsemées de « Il va dans quel sens mon bateau là? », « Qui m’a piqué mon lubrifiant? », « Elle est où la bouée? », « Ah je me trompais de bateau, je croyais que ma radio était en panne. », « Tu sais ce qu’elle te dit la princesse? », « De l’eau!!! », « Non, je n’irai pas à Brest! », « Ok, mais sinon, pour partir à Brest, il suffit juste de se lever à 6h et de partir à 7h! », « On a fait combien de tour? », « Réparé », « C’est quoi ton penon, oups, ton prénom? », « Oups, vraiment désolé, je n’ai pas fait exprès de te mouiller. », « On fait une pause? J’ai faim! », « Meeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeerde… », « Bravo, félicitations! », « Dupont et Dupond ou Tom & Jerry? », « Oh la vache, j’ai la main qui gonfle, je me suis fait bouffer par des insectes. »… le tout pas forcément dans l’ordre, hein. Mais moi Jeudi, oups, je dis: j’adore! 😉
Ici, je rassemble les photos d’une journée compèt’ au poil simiesque, dans un autre lieu pour cause de tempête qui a rendu l’étang impraticable. Une belle journée, malgré quelques averses, et des lumières instables mais magnifiques… J’en ai le poil encore tout ébouriffé!
Alors oui, ça fait sourire de voir ces grands gamins en débattre. Mais franchement, je ne doute pas un instant que l’on doit bien dormir après une journée de compèt’, entre stratégies, coup de bluff, changement de voiles et de lest; ou comment faire travailler la tête et les jambes!
Si jamais tu les croises, n’hésite pas à t’arrêter pour te faire ton avis. Tu ne seras pas déçu.
Si tu veux avoir plus de renseignements, tu peux les retrouver sur Facebook par ici: Amicale Voile Radiocommandée Vannes-AVRV .
De très belles rencontres pleines d’humanité. Alors merci pour cette jolie parenthèse dans ces temps perturbés. 😉